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Médiévie

By 19 octobre 2022avril 8th, 2024projet 2022

Médiévie.
Atelier de recherche et de création en littérature médiévale

« Floris, la vostra valensa
Sabon li pro e li valen
Per qu’ieu vos qier de mantenen,
Si.us plai, vostra mantenensa »

Béatrice de Die

Fleuron, votre grande valeur
Est bien connue des valeureux
Je vous prie donc maintenant
De me tendre votre main

La littérature du Moyen Age s’inscrit dans la mémoire collective sur fond de transfert : le déplacement, réel et symbolique, est pour elle une valeur. En Europe, qu’elles soient rédigées en latin ou dans les langues vernaculaires qui conquièrent le champ littéraire sous la plume des copistes du XIIe au XVe siècle, les œuvres médiévales privilégiaient la reprise inventive, quelles que fussent leurs modalités d’expression, et suivaient des modes de circulation et de partage multiples, de la voix au livre, de la scène à la chambre.

Ces œuvres en métamorphoses, d’une diversité de matières et de manières étourdissante, nous sont aujourd’hui difficiles d’accès, parce qu’elles sont manuscrites et transmises dans des langues qui nous sont devenues étrangères, et parce qu’elles étaient engagées dans des structures socioculturelles et politiques qui ne sont plus les nôtres. Elles reviennent toutefois, hier et aujourd’hui, hanter nos catégories esthétiques et nos formes de vie pour interroger leurs présupposés, leurs frontières, leurs usages et leurs valeurs : leur part irréductible d’altérité fait aussi entendre des lieux de résonances, différents d’une époque à l’autre, qui témoignent d’une puissance d’appel particulière et de leur mémoire, sur fond d’oubli.

Le présent dossier virtuel, animé par un collectif de médiévistes à l’École normale supérieure, a pour vocation de mettre en valeur ces déplacements inventifs qui font la richesse et la spécificité des corpus médiévaux, européens mais aussi extra-européens. Trois modalités de déplacement sont ici privilégiées au sein des rubriques : la translation de textes, édités et traduits (« Translater »), la réflexion critique qu’ils éveillent (« Déplacer »), la recréation et la résonance esthétique qu’ils suscitent (« Écouter voir »). Chaque article ouvrira, comme autant de fenêtres, un point de vue précis et documenté sur les mondes médiévaux, en mettant en lumière la force des outils d’exploration qui s’y sont révélés : la langue, le livre, la mémoire (commune ou divergente), l’inquiétude interprétative, l’incarnation vivante, la joie de la collaboration et du partage. Avec leur force inventive, ces œuvres manuscrites nous tendent encore la main…

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