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Avicenne et les intraduisibles

By 4 mai 2023mars 13th, 20242023, Colloques & Journées d'études

Avicenne et les intraduisibles. Pour un lexique philosophico-médical de la théorie de l'âme

École normale supérieure, 25, 26, 27 mai 2023

par Meryem Sebti (CNRS, CJP) et Mali Alinejad Zanjani (Translitteræ, ENS)

| Affiche |

Il existe des textes, comme ceux sur l’âme d’Avicenne (Ibn Sīnā, 980-1037), qui ont vécu autant de vies que leurs traductions. Comment traduire change-t-il la manière de philosopher et infléchit-il le sens des mots ? La translatio studiorum du grec à l’arabe et de l’arabe au latin scolastique, puis au latin humaniste, en passant par le syriaque, en contact avec l’hébreu, s’articule sur plusieurs siècles, circulant d’un espace géographique à l’autre. Les textes philosophiques et scientifiques grecs sont d’abord traduits en arabe sous l’impulsion de la dynastie Abbasside, à Bagdad, entre le VIIIème et le Xème siècle, pour ensuite passer par Cordoue et Tolède au XIIème siècle et arriver à l’Europe latine : des traducteurs comme Avendauth Israelita, (mort à Tolède vers 1180) et Dominicus Gundissalinus, s’emparent de ce qui deviendra le Liber de anima seu Sextus de naturalibus (Kitāb al-nafs). En Italie, à la Renaissance, se trouvent des traductions isolées, comme celles des grands textes d’Avicenne par Andrea Alpago (1450-1521), en particulier le Compendium de anima (Al-maqāla fī l-nafs) et le Canon de médecine (al-Qānūn fī al-tibb). Quels ont-été les différents facteurs sociopolitiques, économiques, idéologico-religieux à l’origine de ces retraductions ?

Dans la lignée du Vocabulaire européen des philosophies de Barbara Cassin (Seuil, 2004) et le Saggio di lessicografia filosofica araba de Mauro Zonta (Paideia, 2014), ce colloque questionnera le vocabulaire, dans une perspective interdisciplinaire et transdisciplinaire, pour une étude au prisme des transferts des savoirs et par une approche pluraliste vis-à-vis des réseaux de traduction en lien avec la pensée philosophique. L’objet de ce colloque sera d’analyser le vocabulaire philosophique propre à la réflexion sur l’âme humaine et son rapport au corps, entre physique et métaphysique, entre philosophie naturelle et médecine, en passant par plusieurs langues et plusieurs cultures. Il sera l’occasion d’étudier les sources grecques de la théorie de l’âme, leur accueil dans un milieu culturel et religieux arabo-islamique, la systématisation avicennienne en langue arabe de cette théorie et, pour finir, leurs traductions dans le latin scolastique et humaniste. Les intervenants pourront questionner le lexique philosophique pour analyser comment d’une traduction à l’autre, les glissements de sens, l’emploi renouvelé de mots du passé et d’autres cultures, peuvent déterminer de nouveaux concepts.

Programme

Jeudi 25 mai (45 rue d’Ulm, Salle des Actes)

9h00-9h30 | Mots d’accueil : Fréderic Worms (directeur de l’École normale supérieure), Pierre Caye (directeur du Centre Jean Pépin UMR 8230 et de l’IFI)

9h30-10h30| Filippo Sirianni (ENS, Centre Jean Pépin), Les parties de l’âme sont-elles amies ? Sur un problème de psychologie platonicienne

10h30-10h45 | Pause

10h45-11h45 | Andrei Timotin (EPHE, LEM), Théorie néoplatonicienne de la divination et théorie avicennienne de la prophétie. Une proposition de lecture

11h45-12h45 | Olivier Boulnois (EPHE, LEM) Avicenne, Heidegger et la seconde définition de la vérité

12h45-15h00 | Déjeuner

15h00-16h00 | Olga Lizzini (Université d’Aix-Marseille, IREMAM), Possibilité, potentialité et puissance. Des intraduisibles dans le système avicennien ?

16h00-17h00 | Micheal Chase (ENS, Centre Jean Pépin), Notes sur ittiḥād et ittiṣāl

Vendredi 26 mai (45 rue d’Ulm, Salle des Actes)

9h15-9h30 | Accueil

9h30-10h30 | Tommaso Alpina (LMU Munich), A Soul With Faculties or Faculties Without a Soul ? A Theoretical Crux in Avicenna’s Psychology

10h30-11h30 | Jules Janssens (KU Leuven), L’enjeu doctrinal des diverses tentatives de traduction ayant trait aux deux facultés de mémoire dans les traductions latines de certaines œuvres philosophiques et médicales d’Avicenne (du douzième au dix-septième siècle)

11h30-11h45 | Pause

11h45-12h45 | Lila Lamrani (Centre Léon Robin/ Université Paris Nanterre), Alpago traducteur d’Avicenne : traductions et translittérations dans l’Épître sur le Retour

12h45-14h30 | Déjeuner

14h30-15h30 | Danielle Jacquart (EPHE), Traduire en latin Avicenne : le vocabulaire relatif aux facultés cérébrales dans le De anima et le Canon de la médecine

15h30-16h30 | Beatrice Delaurenti (EHESS, CRH), Avicenne et le pouvoir de l’imagination : réception et transformation de la doctrine du pouvoir de l’âme en dehors du corps dans le monde latin médiéval

16h30-16h45 | Pause

16h45-17h45 | Lada Muraveva (EPHE, SAPRAT), L’âme, l’esprit et le cerveau : la terminologie des sens internes dans les commentaires latins d’Avicenne

Samedi 27 mai (45 rue d’Ulm, Salle des Actes)

9h15-9h30 | Accueil

9h30-10h30 | Joël Chandelier (Université Paris 8, EPHE), Tristesse et joie dans la tradition médicale avicennienne

10h30-11h30 | Anne-Sophie Jouanneau, Iliscus, l’autre nom de l’amour dans la traduction latine du Canon de médecine d’Avicenne ?

11h30-11h45 | Pause

11h45-12h45 | Mali Alinejad Zanjani (ENS, EUR Translitteræ, Centre Jean Pépin), La douleur de la mens est-elle une douleur de l’âme ou du corps ? Considérations à partir des traductions d’Andrea Alpago

© Mali Alinejad Zanjani, aquarelle sur papier d’Amalfi, 2023.

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