Traduire les mondes : enjeux anthropologiques de la traduction
Nouvelles perspectives, nouveaux terrains
Porteur du projet :
Carlo SEVERI (CdF-EHESS-PSL)
Ce projet a un double objectif, lié autant à la recherche en anthropologie et en linguistique, qu’à la formation doctorale de jeunes chercheurs. Depuis Boas, Sapir et Whorlf, les anthropologues ont défendu l’idée que chaque langue élabore le monde à sa manière. Dans cette perspective, la traduction a été considérée, au mieux, comme un processus difficile et artificiel, une manière de lutter contre les différences constitutives qui distinguent chaque langue des autres. Fondé aussi bien sur l’enquête de terrain que sur la réflexion épistémologique et historique, ce projet se propose de montrer que, pour comprendre les “cultures” (et le type d’opérations mentales que la représentation du savoir culturel implique), on doit se concentrer non seulement sur les “différences”, mais aussi sur le constant travail de traduction des langues, des codes non linguistiques, des contextes de communication et des différentes traditions qui constituent le champ du “savoir culturel”, à la fois à l’intérieur d’une tradition particulière et entre différentes sociétés. L’analyse de ces processus peut fournir une nouvelle manière de définir la traduction non seulement comme une technique clé pour comprendre l’ethnographie, mais aussi comme un principe épistémologique général. Dans cette nouvelle perspective, l’anthropologie sociale se définirait non seulement comme l’étude des différences culturelles, mais aussi et simultanément comme la Science de la traduction : l’étude des processus empiriques et des principes théoriques de la traduction culturelle. Nous proposons dans ce nouveau volet de nos recherches un certain nombre de développement théoriques, fondés sur l’ouverture de nouveaux terrains.