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Rémanence des naturalismes/vérismes de l’Europe néolatine du XIXe siècle dans les cultures artistiques contemporaines

By 11 avril 2023Projets

Rémanence des naturalismes/vérismes de l’Europe néolatine du XIXe siècle dans les cultures artistiques contemporaines (XXe / XXIe)

par Olivier LUMBROSO (ITEM-CNRS Centre d’étude sur Zola et le naturalisme)

A l’ère de l’explosion des industries culturelles, ce projet souhaite revisiter à nouveaux frais ce qu’on nomme la « vulgarisation » dans la culture populaire européenne des œuvres patrimoniales naturalistes. Cette diffusion prend la voie des « adaptations » dans les arts visuels (cinéma, B.D, séries télévisés, théâtre…) ou le chemin de la vulgate dite « scolaire » au sein des « transpositions didactiques ». Ces dernières ne se résument pas aux manuels des classes mais aussi à des « produits » dérivés médiatiques ludo-éducatifs (« docu-fictions », scénographies ou BD qui « romancent » la vie et les œuvres des écrivains…). Les romanciers et romancières naturalistes du XIXe siècle, appartenant encore aux répertoires littéraires de nombreux pays, inspirent depuis une vingtaine d’années une « rémanence » dans les paysages culturels. Ainsi, en France, dans le cas de Zola, rien que pour la bande-dessinée, entre 2019 et 2022, on citera : Cédric Simon et Éric Stalner, La Curée, 2019 – Cédric Simon et Éric Stalner, Pot-Bouille, 2020. – Agnès Maupré, Au Bonheur des dames, Casterman. – Emmanuel Moynot, Mathieu Solal, Xavier Bernoud, Chantal Quillec, L’Assommoir, 2022. Ajoutons à cette liste la série télévisée tirée de Germinal, diffusée sur France 2, en 2021-2022, ainsi que plusieurs pièces de théâtre, telles que Zola l’infréquentable, au Théâtre de la Contrescape, en 2022-2023 ou encore Madame Zola, d’Annick Le Goff en 2020 au Petit Montparnasse sans compter les pièces de Zola, telles que Thérèse Raquin, qui ont toujours un franc succès. Dans d’autres pays de l’Europe néo-latine, des phénomènes de survivance similaires méritent d’être étudiés dans et entre les nations. En Italie, on pourrait penser que les commémorations du centenaire de Giovanni Verga, en 2022, expliquent une vague de recréations ponctuelles. Il y a eu, en effet, un renouveau d’intérêt dans ce contexte : cinéma, séries, BD, audio-livres, musique et chansons. Cet espace de réécritures a dépassé les frontières nationales : Cavalleria Rusticana de Verga en 2023 est représenté à Venise, Prague, Vienne et Budapest. Pourtant, au-delà de la circonstance, le mouvement est plus durable, puisque d’autres oeuvres véristes occupent le devant de la scène : I Vicerè de Federico De Roberto sous la forme d’une mini-série TV et d’un film. En 2014, Torneranno i prati d’Ermanno Olmi avait déjà adapté La Paura du même auteur. Sur le site de la RAI, on peut lire à propos de l’histoire édifiante de Consalvo : « (…) il fait face à une jeunesse téméraire semblable à celle de beaucoup de jeunes aujourd’hui. Bientôt, il comprend qu’il doit changer, qu’il doit devenir un homme. Le voyage de Consalvo a un lien fort avec notre présent. Du monde qui l’entoure, fait de compromis et de corruption, Consalvo saisit une profonde leçon de vie et choisit de s’emparer du pouvoir. » Au Portugal et au Brésil, la fortune des adaptations d’Eça de Queirós est significative (la chaîne publique RTP en propose des archives). Outre les innombrables adaptations télévisées et cinématographiques, il existe également des adaptations pour les bandes dessinées, les mangas, les ballets, les livres audio. L’adaptation récente du roman O crime do Padre Amaro en feuilletons, réalisée par un jeune réalisateur, s’est distinguée par sa représentation de la réalité sociale portugaise. Des analyses parallèles pourraient être réalisées pour l’Espagne, avec l’œuvre d’Emilia Pardo Bazán et les nombreux documentaires sur sa vie : « Emilia Pardo Bazán, la condesa rebelde » (2011), « Emilia Pardo Bazán en Madrid » (2021), « Emilia Pardo Bazán, inclasificable » (2021).

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