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Nouvelles perspectives diachroniques et historiques sur la grammaticalisation

By 17 novembre 2022mars 13th, 20242023, Colloques & Journées d'études

Nouvelles perspectives diachroniques et historiques sur la grammaticalisation

12–13 janvier 2023

par Benjamin Fagard (CNRS), James McElvenny (Siegen) et le SHESL

Affiche | Programme

Le domaine de la grammaticalisation a connu une période d’essor pendant plus d’un demi-siècle. Cette période a vu s’accumuler des études sur les phénomènes de grammaticalisation, depuis des perspectives variées : études de langues individuelles ou typologiques, synchroniques et diachroniques, linguistiques et psycholinguistiques, morphosyntaxiques et sémantiques, etc. La définition et l’existence même du phénomène ont été mises à l’épreuve dans la littérature (Roberts 1993, Newmeyer 1998: 263-275, Roberts & Roussou 1999, Campbell & Janda 2000, Janda 2000), sans pour autant le remettre en question de manière définitive. Cependant, ces débats expliquent peut-être en partie pourquoi autant d’efforts ont été consacrés à la mise au point d’une définition stable du phénomène de grammaticalisation (Ramat & Hopper 1998, Hopper & Traugott 2003, Lehmann 2015), et à l’étude des zones grises où il semble se recouper avec d’autres phénomènes, principalement la lexicalisation (Cabrera 1998, Wischer 2000, Lehmann 2002), la pragmaticalisation (Diewald 2011, Heine 2013, Degand & Evers-Vermeul 2015) et la constructionnalisation (Mauri & Sansò 2011, Trousdale 2014, Traugott 2015, Smirnova 2015).

Malgré les nombreux travaux sur la grammaticalisation résultant de ces efforts, l’origine et la formation du concept au cours des siècles passés a reçu relativement peu d’attention. Peu de linguistes pensent avoir inventé le concept (Fagard 2019), et la plupart des travaux reconnaissent le rôle de Meillet (1912) dans l’invention du terme, mais de manière générale la littérature sur la grammaticalisation passe sous silence les travaux antérieurs sur l’émergence de la grammaire à partir d’éléments lexicaux. Il y a quelques exceptions ; l’importance de Gabelentz (2016 [1891]) comme précurseur des travaux sur la grammaticalisation est ainsi reconnue par divers linguistes (Lehmann 1982: 1–9, Heine et al 1991: 5-23, Hopper & Traugott 1993: 19–38). Cependant, pour obtenir un tableau complet de l’émergence du concept, il faudrait prendre en compte d’autres précurseurs, comme Schiller (1960[1795]), Whitney (1875), Darmesteter (1877), Bréal (1887) et Bally (1965[1913]), parmi d’autres (voir Plank 1992, Christy 1999, McElvenny 2016ab).

Plus d’un siècle après l’article désormais célèbre de Meillet, après des dizaines de milliers d’articles et de livres sur la grammaticalisation, il semble que le moment est venu de prendre le temps de s’arrêter pour réfléchir sur ce que futur et passé de la grammaticalisation peuvent avoir en commun. Nous invitons nos collègues, spécialistes de diachronie et d’épistémologie, à échanger leurs idées sur la question, en s’attaquant notamment aux thématiques énumérées ci-dessous, interrogeant rétrospectivement les siècles passés de recherche sur les langues et le langage, et examinant de manière prospective ce qui peut encore être étudié pour parfaire notre compréhension du concept :

  • Quelles ont été les principales étapes de l’émergence du concept de grammaticalisation ?
  • Comment le concept a-t-il évolué, depuis les idées du 18e et 19e siècles sur le développement de la grammaire à la notion de grammaticalisation au 20e siècle ? Quel est le lien avec la vision moderne du concept ?
  • De quelle manière notre conception du langage et de son évolution diachronique est-elle influencée, plus largement, par le contexte intellectuel de chaque époque, par exemple par l’uniformitarisme en géologie, la théorie des systèmes en sociologie, la vision holistique de l’organisme en biologie ou encore l’esthétique en théorie et histoire de l’art ?
  • Dans quelle mesure les études diachroniques sur corpus et les approches typologiques sont-elles indispensables pour une analyse adaptée des phénomènes de grammaticalisation ?
  • Dans quelle mesure la prise en compte de concepts comme lexicalisation, pragmaticalisation et constructionnalisation est-elle importante pour l’étude de la grammaticalisation ?

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