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Le tournant global des études européennes

By 24 avril 2023Non classé

Le tournant global des études européennes : sciences sociales, humanités, études environnementales

par Stéphane VAN DAMME (IHMC, ENS) & Blaise WILFERT (Département de sciences sociales, ENS)

Nous avons bien compris qu’il n’était pas dans les attributions de l’EUR de financer des centres. Notre demande portera donc sur un des axes de recherches que nous souhaiterions promouvoir dans le cadre du Centre interdisciplinaire d’études européennes, celui qui concerne l’articulation entre les études européennes et les études globales, et ce dans une perspective largement interdisciplinaire (sciences sociales, humanités, sciences de la nature).

Le Centre, qui travaille, à travers son autre axe de recherche, sur les questions d’Europe des savoirs et d’Europe en réseaux, souhaiterait tirer parti de l’expertise déployée au sein de l’EUR depuis une décennie, et avant l’EUR dans le cadre notamment des Transferts culturels, pour tenter de faire un bilan et un état des lieux des approches transnationales, impériales et globales un quart de siècle après le « tournant global », et ce à travers le prisme européen.

Florissantes dans les années 1980, les études européennes, en histoire, en sociologie, en littérature, en philosophie, ont ensuite connu une éclipse durable, notamment liée au déploiement du « tournant global » (global studies, imperial studies, world literature, études post-coloniales, histoire transnationale et globale, sociologie et philosophie du cosmopolitisme). Celui-ci a pu contribuer à disqualifier toute forme de cadrage européen des enquêtes, rabattu trop rapidement sur l’ethnocentrisme dépassé des orphelins de la domination impériale. L’injonction globale, remarquablement productive et bien sûr essentielle, a pu ainsi favoriser une polarisation heuristique (à un pôle, l’exigence globale, à l’autre, le cadrage « naturellement » national) qui a rabattu les études européennes sur l’analyse politiste et juridique de l’Union européenne.

Cette réduction de la question européenne et l’absence de réflexion sur son articulation avec les sciences du global paraissent particulièrement dommageables, surtout depuis quelques années, alors que notre continent est traversé de crises en série. Il nous semble essentiel, justement, de penser son présent et les possibles de son avenir dans son rapport avec le monde, ce qui implique de travailler à l’articulation des sciences du global avec des études européennes renouvelées. C’est ce que nous souhaitons faire, en organisant, sous la forme notamment d’un colloque international, une ample réflexion collective sur le tournant global au prisme de l’Europe, et les études européennes au prisme des sciences du global.

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