La deixis de la première personne ‘Tôi’ en vietnamien, de la servitude à la libertitude
The deixis of the first person ‘Tôi’ in Vietnamese, from servitude to freedude
CETTE COMMUNICATION a pour objectif d’appréhender, dans une approche interdisciplinaire, l’évolution de la deixis de la première personne en vietnamien, à savoir tôi en écriture quốc ngữ. Du XVIIe siècle à nos jours, tôi a connu une évolution sémantique majeure : de l’idée initiale du « serviteur » vis-à-vis du maître, ou du « sujet » vis-à-vis du roi, tôi a fini par désigner un « moi » autonome face aux autres personnes, en effaçant progressivement le rapport hiérarchique entre le locuteur et l’allocutaire. Selon notre hypothèse, cette évolution sémantique de « tôi » correspond à une mutation culturelle et éthique vietnamienne profonde : l’avènement d’une nouvelle conception du moi et de nouvelles valeurs éthiques, issue d’un dialogue avec la culture occidentale. Croisant l’anthropologie culturelle de Jack Goody sur l’écriture, l’approche philosophique de Charles Taylor sur la formation du moi et la théorie de la trivialité d’Yves Jeanneret, nous proposons d’examiner le moi moderne vietnamien comme un « être culturel », c’est-à-dire le fruit d’une circulation créative au sein de certains espaces sociaux vietnamiens spécifiques, grâce à différentes médiations socio-techniques et anthropologiques.
Hoang Anh-Ngoc est Maitre de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, membre du Centre de recherche Humanités et Sociétés (CHUS) à l’Université catholique de l’Ouest et membre associé du GRIPIC (CELSA, Sorbonne), il mène un examen critique d’un certain nombre de transformations socio-anthropologiques contemporaines liées aux dispositifs numériques: l’identité collective, l’activisme en ligne, les imaginaires sociaux, la diaspora vietnamienne, les pratiques de foi catholique, la question de la place de religions dans l’espace public. Ses travaux récents portent sur la problématique de l’approche communicationnelle sous l’angle épistémologique, la communication environnementale et le rapport Numérique – Écologie – Éthique, la formation du « moi » moderne vietnamien sous l’angle des Sciences de l’Information et de la Communication.
THIS PAPER aims to apprehend, in an interdisciplinary approach, the evolution of the first person deixis in Vietnamese, namely tôi in quốc ngữ script. From the 17th century to the present day, tôi has undergone a major semantic evolution: from the initial idea of the “servant” vis-à-vis the master, or the “subject” vis-à-vis the king, tôi has come to designate an autonomous “self” in relation to other persons, gradually erasing the hierarchical relationship between the speaker and the addressee. According to our hypothesis, this semantic evolution of “tôi” corresponds to a profound Vietnamese cultural and ethical mutation: the advent of a new conception of the self and new ethical values, resulting from a dialogue with Western culture. Crossing Jack Goody’s cultural anthropology on writing, Charles Taylor’s philosophical approach on the formation of the self and Yves Jeanneret’s theory of triviality, we propose to examine the modern Vietnamese self as a “cultural being”, i.e. the fruit of a creative circulation within specific Vietnamese social spaces, thanks to various socio-technical and anthropological mediations.
Hoang Anh Ngoc is a lecturer in Information and Communication Sciences, a member of the Humanities and Societies Research Centre (CHUS) at the Catholic University of the West and an associate member of GRIPIC (CELSA, Sorbonne): collective identity, online activism, social imaginaries, the Vietnamese diaspora, Catholic faith practices, the question of the place of religions in the public space. His recent work focuses on the problematic of the communicational approach from an epistemological point of view, environmental communication and the Digital – Ecology – Ethics relationship, the formation of the modern Vietnamese “self” from the point of view of the Information and Communication Sciences.