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Espace, métaphore et traduction | Séminaire

By 24 octobre 2022mars 6th, 2024Séminaires

Espace, métaphore, traduction
Séminaire du Master Translitterae ENS-PSL
Parcours Littératures : théorie, histoire (6 ETCS)

Organisatrice : Laure SARDA (Lattice, ENS)

Du vendredi 16 septembre 2022 au vendredi 9 juin 2023

N°1 : Vendredi 23 Septembre 2022 (Salle Paul Langevin 29 rue d’Ulm 10:00-12:00) — Laure SARDA (Lattice, CNRS-ENS-PSL et Université Sorbonne Nouvelle)

Introduction 1 – Sémantique de l’espace : entités et relations. Verbes de mouvement ; mouvement fictif, références.

Lectures :

  • Vandeloise, C.1986. L’espace en français, Editions du Seuil
  • Talmy, L. Lexicalisation patterns, Toward a Cognitive semantics, vol. II, pp. 21-146

N°2 :  Vendredi 30 Septembre 2022 (salle IHMC – 45 rue d’Ulm – 10:00-12:00) — Laure SARDA (Lattice, CNRS-ENS-PSL et Université Sorbonne Nouvelle)

Introduction 2 – La métaphore – Définition(s).

Lectures :

  • Dancygier, B. and Sweetser, E. (2014). Figurative Language. Cambridge University Press.
  • Fauconnier G. and Sweetser, E. (1996). Spaces, Worlds and Grammars. The University Press of Chicago, Chicago.
  • Kleiber, G. (2016) Du triple sens de métaphore. Langue Française n°189, pp. 15-34.
  • Lakoff G. and Johnson M. (1980/2003) Metaphors we live by. The University of Chicago Press, Chicago.
  • Ricoeur, P. (1975), La métaphore Vive. Editions du seuil.

N°3 : Vendredi 7 Octobre 2022 (salle IHMC – 45 rue d’Ulm 10:00-12:00)  — Jean-Michel FORTIS (Université Paris Cité & Université Sorbonne Nouvelle, CNRS, Laboratoire d’histoire des théories linguistiques)

Une histoire du localisme

Le localisme est la thèse que les relations spatiales jouent un rôle fondamental (ou du moins asymétrique) dans les langues: soit que les formes qui les désignent servent de patrons pour les formes relevant de domaines sémantiques différents (par ex. le temps), soit qu’elles forment l’armature de relations grammaticales (par excellence les relations casuelles). Les deux aspects sont conjoints dans certaines théories localistes des cas (selon lesquelles, autrement dit, les cas ont une signification originellement spatiale, qui s’est ensuite élargie). Généralement, le localisme est adossé à des justifications cognitives.

Cet exposé propose de revenir sur l’histoire des idées localistes jusqu’à aujourd’hui et leur renouveau, surtout en linguistique cognitive (Cienki 1995; Fortis 2020). D’Aristote, aux Modistes, et de Scaliger à James Harris, le localisme est d’abord associé à un style philosophique ou “spéculatif” en linguistique, et semble refléter l’influence de très longue durée d’idées empiristes. L’empirisme moderne lui-même a partie liée avec un intérêt pour les questions linguistiques, comme on le verra chez Leibniz, Condillac et Herder, à la suite d’un Locke (Formigari 1988). A cet égard, la linguistique cognitive, chez Lakoff et d’autres, poursuit cette tradition de grammaire philosophique. Chez les linguistes davantage tournés vers la description, les idées localistes sont activement débattues au 19ème siècle, et particulièrement dans l’aire germanophone (cf. Hjelmslev 1935-1937; nous tenterons de voir pourquoi). Elles sont revivifiées au 20ème siècle par plusieurs voies. Aux Etats-Unis la redécouverte du localisme s’appuie sur une reconquête de la sémantique par la linguistique, à l’époque de la grammaire transformationnelle, et se développe dans le contexte des sciences cognitives. Quant à la théorie localiste la plus sophistiquée, celle du britannique John Anderson, elle est le fruit d’un dialogue avec les théories passées et contemporaines et se distingue de la linguistique cognitive par sa conscience historique, son formalisme et son goût modéré pour la spéculation de type empiriste (Fortis 2018)

Lectures :

  • Cienki, Alan. 1995. 19th and 20th Century Theories of Case. A comparison of localist and cognitive approaches. Historiographia Linguistica XXII(1/2): 123-162.
  • Formigari, Lia, 1988. Language and Experience in 17th Century British Philosophy. Amsterdam & Philadelphia, John Benjamins.
  • Fortis, Jean-Michel. 2018. Anderson’s Case Grammar and the History of Localism. In Böhm, Roger & van der Hulst, Harry (eds), Substance-based Grammar. The (ongoing) work of John Anderson. Amsterdam & Philadelphia, John Benjamins: 113-198.
  • Fortis, Jean-Michel. 2020. From Localism to Neolocalism. In Emilie Aussant & Jean-Michel Fortis, Historical Journey in a Linguistic Archipelago. Descriptive concepts and case studies. Berlin, Language Science Press: 15-50.
  • Hjelmslev, Louis. 1935-1937 [1972]. La catégorie des cas. Copenhague, Universitetsforlager I Aarhus [repris dans La catégorie des cas, München, Wilhelm Fink Verlag, 1972].

N°4 : Vendredi 21 Octobre 2022 (salle Lettre 3 – 45 rue d’Ulm 10:00-12:00) — Olga NADVORNIKOVA (Faculté des Lettres de l’Université Charles à Prague)

Le corpus multilingue InterCorp et les possibilités de son exploitation

InterCorp est un large corpus multilingue contenant dans sa dernière version (v14) plus de 1,8 milliard de mots et impliquant 42 langues et des sous-corpus de types textuels variés (sous‑titres de films, EuroParl, Bible, textes journalistiques, littéraires ainsi que scientifiques). L’accès au corpus est gratuit, après enregistrement. Le séminaire présentera d’abord les principes méthodologiques de la recherche sur corpus parallèles pour passer dans sa partie majeure à la présentation pratique des fonctionnalités de l’interface du corpus : définition du corpus de travail, recherche simple et avancée (expressions régulières, annotation morphologique et l’annotation syntaxique via Universal Dependencies), traitement statistique des données (listes de fréquences, collocations, significativité statistique, etc.).

Aucune expérience préalable du travail sur corpus n’est nécessaire pour profiter du séminaire ; il est néanmoins souhaitable de venir muni(e) de son ordinateur portable pour pouvoir effectuer des recherches sur corpus en pratique.

Lectures :

  • Johansson, S. 2007. Seeing through multilingual corpora. In: R. Facchinetti (ed.), Corpus Linguistics 25 Years On. Amsterdam – New York: Rodopi.
  • Čermák, F. & Rosen, A. 2012. « The case of InterCorp, a multilingual parallel corpus », International Journal of Corpus Linguistics 13 (3), 411–427.
  • Čermák, P. et al. 2020. Complex Words, Causatives, Verbal Periphrases and the Gerund: Romance Languages Versus Czech (A Parallel Corpus-Based Study). Praha: Karolinum. Disponible sur : http://hdl.handle.net/20.500.11956/117388
  • Nádvorníková, O. 2017a. « Pièges méthodologiques des corpus parallèles et comment les éviter », Corela[Online], HS-21 | 2017, DOI : https://doi.org/10.4000/corela.4810
  • Nádvorníková, O. 2017b. « Corpus multilingue InterCorp : nouveaux paradigmes de recherche en linguistique contrastive et en traductologie », Studii de lingvistica, 7, 2017, 67–89.
  • Nádvorníková, O. 2020. The use of English, Czech and French punctuation marks in reference, parallel and comparable web corpora: a question of methodology. Linguistica Pragensia. 30(2), 30-50. Disponible sur : http://hdl.handle.net/20.500.11956/117137
  • Olohan, M. 2004. Introducing Corpora in Translation Studies. London/New York : Routledge.

N°5 : Vendredi 18 Novembre 2022 (salle IHMC – 45 rue d’Ulm 10:00-12:00) 

[Séance réservée à la préparation des dossiers. Chaque étudiant pourra présenter son projet de recherche.]

N°6: Vendredi 16 Décembre 2022 (salle IHMC – 45 rue d’Ulm 10:00-12:00) — Eric CORRE (Université Sorbonne Nouvelle)

Expression du déplacement, mouvement fictif et métaphore : le cas de deux langues à schéma préfixal (‘prefix-framed’, Lewandowski & Mateu 2020), le russe et le hongrois.

Dans une perspective de variation intratypologique, on exposera, à partir de corpus parallèles dont la langue source est l’anglais, les stratégies mises en œuvre par le russe et le hongrois, langues qui utilisent massivement la préfixation verbale pour l’expression de la trajectoire dans le déplacement, pour encoder le mouvement fictif et exprimer des métaphores spatiales. Le russe dispose d’une sous-classe fortement grammaticalisée de verbes de déplacement de base (« aller à pied, en véhicule, courir, nager, voler, etc. »), ainsi que l’aspect grammatical morphologisé, marqué essentiellement par la préfixation verbale (préverbation). Le hongrois ne dispose pas de sous-classe de verbes de déplacement à l’instar du russe, et si les préfixes expriment souvent l’aspect, ils le font de façon configurationnelle. On essayera donc de montrer, en nous basant sur des données traductologiques, les similitudes et les différences entre ces deux langues qui ont recours à un schéma préfixal (prefix-framed pattern) dans l’expression du déplacement.

Lectures :

N°7 : Vendredi 13 Janvier 2023 (salle U209, 29 rue d’Ulm 10:30-12:30)— Christine LAMARRE (Inalco, CRLAO)

Variation intertypologique et intratypologique dans l’expression du mode de déplacement et de l’orientation déictique (chinois, japonais, français et anglais)

Nous mettrons en évidence, à l’aide de traductions d’œuvres de fiction, plusieurs différences récurrentes facilement observables entre quatre langues : le français, l’anglais, le chinois et le japonais dans l’expression du déplacement. Le chinois et l’anglais ont régulièrement recours à des éléments autres que le verbe pour exprimer la trajectoire, alors que le français et le japonais l’expriment plutôt dans le verbe. Après avoir vérifié les manifestations de cette différence typologique bien connue, par exemple la suppression de certaines informations sur le mode de déplacement dans les traductions en japonais et en français, nous regarderons des disparités moins prévisibles : 1) l’impact de la fonction descriptive de l’énoncé sur la stratégie choisie pour le chinois, et 2) la tendance à expliciter l’orientation du déplacement par rapport au centre déictique (le personnage au centre du récit), qui motive l’ajout de directionnels déictiques dans les traductions en chinois et en japonais.

Lectures :

  • Lamarre, Christine. 2008. The linguistic categorization of deictic direction in Chinese — With reference to Japanese. In Dan XU (ed.) Space in languages of China: Cross-linguistic, synchronic and diachronic perspectives. Berlin/Heidelberg/New York: Springer, pp.69-97.

N°8 : Vendredi  10 Février 2023 (salle U209, 29 rue d’Ulm 10:30-12:30) — Catherine CHAUVIN (Université de Lorraine)

“Come + Ving + Part/GAdv/GP en anglais, emploi(s) et traduction”

Il sera question dans cette séance des constructions de type: He came swooping down the aisle, de leurs emplois et de leur(s) traduction(s) en français. Quels éléments sont maintenus, supprimés ou modifiés dans des traductions publiées ? Les traductions diffèrent-elles selon les types d’emplois, et lesquels ? Le travail portera sur une série d’exemples dans des textes littéraires, avec leur traduction, et on s’interrogera sur les contraintes à l’œuvre dans les deux langues conduisant aux choix de traduction effectués.

N°9 : Vendredi  17 Mars 2023 (salle U209, 29 rue d’Ulm 10:30-12:30) — Dejan STOSIC (Laboratoire CLLE & Université Toulouse Jean Jaurès)

Traduire l’espace polysémique : défis théoriques et méthodologiques

La traduction de termes polysémiques soulève des questions théoriques et pratiques complexes du fait que le signifié composite d’un polysème peut donner lieu à différentes expressions dans la langue cible (ex. FR. carton > ANG. cardboard ou box). La distribution des acceptions réunies au sein d’un même signe dans la langue source (pour le nom français carton, ‘matière’ et ‘boîte en carton’) sur plusieurs formes dans la langue cible s’explique par le caractère arbitraire des dérivations sémantiques ayant conduit à la polysémie. En effet, bien que motivés par des mécanismes cognitifs et sémantiques profonds, les transferts métaphoriques et métonymiques, au cœur de la polysémie, sont soumis au libre choix des conventions linguistiques et culturelles (cf. entre autres, Langacker 1997, Koch 2005, Duval 2013, Srinivasan & Rabagliati 2015, Abrard & Stosic 2021). Mon exposé portera sur la traduction en anglais et en serbe de quelques noms de déplacement polysémique en français comme accès, montée, descente, sortie, approche ayant tous développé des acceptions métaphoriques. Je m’appuierai sur les données extraites des corpus parallèles ParCoLab et InterCorp pour montrer comment les traducteurs anglais et serbes, guidés par les contraintes propres à leur langue respective, déconstruisent les signifiés composites des noms français étudiés. Dans la dernière partie de mon intervention, j’aborderais les avantages et les limites du recours aux corpus parallèles dans ce type d’analyse contrastive et esquisserai une méthodologie alternative. En conclusion, je reviendrai sur l’intérêt de l’approche présentée pour l’étude comparée de la métaphore, et plus généralement de la polysémie des marqueurs spatiaux dynamiques.

Lectures :

  • Abrard, O. & Stosic, D. (2021). « Polysémie standard et facettes de sens vues au travers du prisme de la diversité linguistique : entre la variation et la régularité », Lexique, 28, 9-33.
  • Duval, M. (2013). Metonymy avoidance in Korean. Korean Journal of Linguistics, 38(1), 197-224.
  • Koch, P. (2005). Aspects cognitifs d’une typologie lexicale synchronique. Les hiérarchies conceptuelles en français et dans d’autres langues. Langue française, 145, 11-33.
  • Langacker, R. W. (1997). The contextual basis of cognitive semantics. In J. Nuyts & E. Peder- son (eds), Language and conceptualization. Cambridge: Cambridge University Press, 229- 252.
  • Srinivasan, M. & Rabagliati, H. (2015). How concepts and conventions structure the lexicon: Cross-linguistic evidence from polysemy. Lingua, 157, 124-152.

N°10 : Vendredi 14 Avril 2023 (salle U209, 29 rue d’Ulm 10:30-12:30) — Marie Paule PERY-WOODLEY (Université Toulouse Jean Jaurès)

« Temps perdu, ambiguïté et traduction »

Ambigüe, l’expression temps perdu dans À la recherche du temps perdu ? L’ambiguïté (ou amphibologie, pour reprendre le mot de Proust) qu’elle recèle devient évidente au moment de la traduction, qui impose un choix, une décision, là où l’original autorise indétermination, indécidabilité. Au fil des occurrences de temps perdu dans la Recherche, on explorera les ressorts de cette ambiguïté, les stratégies d’interprétation convoquant co-texte et contexte, et finalement les avatars de l’expression dans des traductions et retraductions diverses.

Lectures :

  • Article « Temps perdu» de David Bellos, Anne Le Draoulec et Marie-Paule Péry-Woodley, paru dans Proust et le temps, un dictionnaire (I. Serça, coord., Éd. Le Pommier 2022).

N°11 : Vendredi 12 mai 2023 (Amphi Jaurès, 29 rue d’Ulm 10:30-12:30)— Walter DE MULDER (Professeur à l’Université d’Anvers, Belgique).

La préposition dans : localisme, polysémie et métaphore

Cet exposé propose d’étudier le rapport entre sens spatial et sens métaphoriques en s’intéressant à la polysémie de la préposition dans. Nous développerons l’idée selon laquelle le sens de celle-ci se décrit préférentiellement par un réseau de sens, sans que cela suppose qu’on identifie nécessairement un sens de base, commun à tous les emplois de la prépositions. Ce faisant, nous nous demanderons si les différents sens de la préposition se sont développés en diachronie à partir de son sens spatial, comme le suggère la conception localiste, et si, d’un point de vue synchronique, la polysémie actuelle de la préposition doit se décrire en considérant son sens spatial comme sens de base. Ce faisant, nous nous intéresserons également à la notion de métaphore, pour savoir comment celle-ci doit se définir pour qu’elle puisse expliquer les rapports entre différents sens de la préposition.

Lectures :

  • Fagard, B. & Combettes, B. (2013). De en à dans, un simple remplacement ? Une étude diachronique. Langue française, 178/2, 93-115.
  • Kleiber, G. (2008). Petit essai pour montrer que la polysémie n’est pas un sens interdit. Dans Durand J., Habert B. & Laks B. (dir.), Congrès Mondial de linguistique française – CMLF08, Paris, Institut de Linguistique.
  • Leeman, D. (1999). Dans un juron, il sauta sur ses pistolets. Aspects de la polysémie de la préposition dans. Revue de Sémantique et pragmatique, 6, 71-88.
  • Taylor, J. (2002). Cognitive Grammar. Oxford : Oxford University Press.
  • Taylor, J. (2003). Linguistic Categorization. Third edition. Oxford : Oxford University Press.
  • Vaguer, C. (2006). L’identité de la préposition dans : de l’intériorité à la coïncidence. Modèles linguistiques 53, URL.
  • Vandeloise, C. (1991). Spatial prepositions : A case study in French (traduit par A.R. Bosch). Chicago, IL: The University of Chicago Press.

N°12 : Vendredi 9 Juin 2023 — Annie Claude Demagny

21-22 mai 2024 — Colloque « Espace, métaphore et traduction »

Pendant le colloque, une séance ou deux séances seront réservées à la présentation des travaux d’étudiants. Je vous encourage à y réfléchir et à travailler dans ce sens tout au long de l’année.

© Suzy Hazelwood, Peinture d’ombre bleue (Pexels)

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